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GUITAR CONNECTION 3 dans les bacs le 7 juillet 2008
8 juin 2008

GUITAR CONNECTION 3 de Jean-Pierre Danel, dans les bacs le 7 juillet 2008

Jean-Pierre Danel - Guitar Connection 3 (Warner/Nacarat) cd + dvdGuitar_20Connectiopn_203_20__207_20juillet_202008

Voici le retour annuel du plus en vue des guitaristes hexagonaux, avec son concept désormais bien huilé, Guitar Connection : un cd instrumental + un dvd qui vous permet, avec l’aide des tablatures en ligne, d’apprendre à jouer les morceaux du disque.

Le succès des deux premiers volumes avait été fulgurant, et 220 000 albums et un double disque d’or plus tard, revoici l’homme à la Strat vintage, avec une cargaison de hits qui sonnent.

Accroché à Miss Daisy, sa rare Stratocaster de pré-production de 1954 (à qui il consacre d’ailleurs un chapitre de son livre Légende de la Fender Stratocaster, qui sort parallèlement chez Courcelles Publishing, petit malin !), Danel nous montre une facette plus rock-blues que dans les deux premiers albums, avec un talent et un savoir faire qui non seulement ne se démentent pas, mais s’affirment même encore.  L’homme est-il, comme l’annonce la promo surfant sur le Grand Prix Français de la Guitare reçu l’an dernier, le plus grand guitariste français ? Difficile de clore un tel débat avec objectivité, mais force est de constater que tous les ingrédients sont réunis pour faire de lui le guitar-hero du moment, catégorie « je joue comme un Dieu mais je partage mes trucs avec les copains », et qu’il est en tous cas celui sur qui l’industrie musicale mise.

Guitar Connection 3 bénéficie donc, comme ses deux prédécesseurs, d’une campagne marketing digne de Madonna et de Christophe Willem, ce qui n’annonce pas fatalement la qualité de l’album, et qui surprend pour un disque instrumental. Peut-on donc être un artiste véritable et se prêter au jeu commercial et promotionnel des majors du disque ? Il semblerait finalement que oui. Après tout, Santana et Clapton ont eux aussi recours à la pub tv. Pourquoi pas, donc… Nous avons reçu l’album et le dvd en avant première : jugeons sur pièces…

On attaque l’album par Cocaïne, avec le pur son vintage qui tue (Strat ‘54 + Fender Bassman, qui dit mieux ?) et des solos joués avec force, authenticité et conviction, tels ceux que God lui-même aurait signé dans ses meilleurs jours. Impeccable. Hommage respectueux et créatif à la fois. On en redemande.

Hey Joe nous rappelle ensuite un Hendrix période raisonnable et sobre (plutôt celui en studio, pas sur scène avec sa guitare en feu, comme Danel l’explique dans le dvd). Un son subtil et épais en même temps, et tous les plans du Maître. C’est toujours un bonheur de replonger dans ces classiques du vocabulaire guitaristique.  Pari peu évident mais plutôt réussi.

On reste aux USA avec la reprise qui tâche de ZZ Top, La Grange. Son, feeling, éclat : là encore, tout y est (même si l’original était joué sur une Gibson , mais Miss Daisy semble se plier à tout !).

On enchaîne avec un coup de jeune pour une version d’Always on the run de Lenny Kravitz, avec ses riffs acérés et ses solos bourrés d’énergie. Sweet home Alabama sonne authentique (et il y a du monde : des harmos et des riffs partout !) puis Honky Tonk Woman est une belle surprise à la sauce Danel : rythmique solide, mélodie accrocheuse et des plans et un solo au bottleneck qui resteront un must du genre, envoyant voler loin les riffs poussifs et autres clichés habituellement rencontrés sur ce terrain bluesy.  De la belle ouvrage !

Day Tripper reste hélas sans grande audace, mais l’intro mythique de George Harrison se suffit à elle-même. Le clin d’œil à Polnareff est une des autres surprises sympathiques du disque : La poupée qui fait non revit avec une rythmique et un riff qui rendent les autres versions, y compris l’originale, carrément obsolètes, et qui devraient faire les beaux jours des scènes rock françaises, si certains ont la bonne idée de reprendre cette version puissante et modernisée.

Le medley qui suit est peut-être plus discutable, non pas par son contenu (Walk this way et Sunshine of your love sont en acier trempé), mais pourquoi diable accoler ces deux morceaux ?? L’ensemble reste cependant cohérent, quoi qu’inattendu. Les solos façon Cream sont à la hauteur et la Cry Baby de Danel trouve ici de quoi nous rappeler le bon vieux temps où la wah wah était la nouvelle star du rock.

Are you gonna go my way est le second hommage survolté à Kravitz, suivi par le très réussi Before you accuse me, digne là encore d’un Clapton du meilleur cru. Pas d’esbrouffe inutile, juste du feeling, de l’expression et du son. Absolument superbe. A quand Danel dans un album totalement blues ??

Knockin’ on heaven’s door (version Clapton là encore, et non Guns & Roses) est indéniablement une autre belle plage de l’album. On savait Danel fan des Shadows, mais visiblement, Clapton fait aussi partie de son panthéon et nul ne s’en plaindra. Une version fluide, avec une wah wah qui semble parler, et un résultat que Dieu lui-même ne renierait pas.  Johnny B. Goode réserve une petite surprise au troisième couplet, puis on passe à deux inédits : The pink side of Miss Daisy, clin d’œil appuyé et inspiré à David Gilmour. Lyrique et magique. Sacha’s mood flirte intelligemment avec le jazzy, et l’album se clôt en douceur sur Yesterday, bien agréable avec ses jolies cordes, mais peut-être pas indispensable dans le contexte généralement rock-blues du disque.

Au total, un album à la fois ciselé et spontané, avec mention spéciale aux clin d’oeils claptoniens et stoniens, et sans doute le meilleur de la série. Saupoudrez le tout d’un dvd qui vous montre les astuces du Maître avec simplicité mais efficacité, et vous aurez votre achat de l’été. Les tablatures sont comme d’habitude en ligne sur le site officiel de Danel, et ça tombe bien parce que ça joue grave : vous avez du boulot !

Quelques esprits chagrins croisés sur le net persistent ici et là à se demander, énervés qu’ils sont par le succès du concept, si de tels albums, essentiellement faits de reprises, certes restituées avec talent et créativité, sont malgré tout réellement utiles. Eh bien, à notre avis, oui, parce que revisiter le répertoire le fait vivre et peut parfois même l’enrichir. L’enseigner fait naître les vocations des artistes de demain. Et hors de tout contexte pédagogique, le disque en lui-même est tout simplement excellent, ce qui suffit en soit à justifier son achat. Ne boudons pas notre plaisir : il est bien rare de trouver sur un même album autant de grands moments de guitare. On attend déjà le volume 4 !

Clément Farges

Guitar Connection 3 : Sortie le 7 juillet chez Warner/Nacarat.  Cd + dvd - 20 euros environ

www.jeanpierredanel.com 

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